Qu’est-ce qu’un trouble d’articulation ?  

Le trouble d’articulation fait partie des troubles des sons de la parole (TDSP). 

Il s’agit d’une erreur durant l’exécution des mouvements de la bouche nécessaires à la production d’un ou de plusieurs sons.  

Pour être qualifié de “trouble des sons de la parole”, cette erreur doit être systématique : la personne ne parvient jamais à placer ses organes bucco-phonateurs pour produire le son de manière correcte. Le son peut alors être absent, déformé ou encore remplacé par un autre son.  

Ce trouble touche les enfants, comme les adultes, et légèrement plus les garçons que les filles.  

Quelles peuvent être les causes liées aux troubles oro-facial myo-fonctionnel (TOFMF) ?  

Les TDSP sont très souvent associés à un TOFMF . A l’inverse, de nombreux patients ayant un trouble oro-facial myo-fonctionnel impactant la mobilité linguale n’ont pourtant pas de trouble articulatoire, grâce à des mécanismes de compensation mis en place. 

Parmi les troubles oro-faciaux myo-fonctionnels impactant l’articulation, on peut retrouver assez fréquemment :  

Une respiration à dominance buccale 

La ventilation buccale assèche la muqueuse linguale et nous fait ainsi perdre beaucoup de proprioception. En effet, pour que la langue puisse effectuer des mouvements fins, nous avons besoin de nombreuses informations sensorielles. Celles-ci sont beaucoup plus importantes si la muqueuse est correctement hydratée.  

D’autre part, une respiration à dominance buccale peut avoir des répercussions sur la voix, dû également à l’assèchement des muqueuses. Lorsque l’on respire par la bouche, l’air arrive vers notre larynx et nos cordes vocales sans être passé par l’excellent système de filtration que constitue notre nez. L’air n’est ainsi pas hydraté et réchauffé comme il le faudrait, les cordes vocales en pâtissent. 

Une position basse de la langue au repos 

Généralement dû à une respiration buccale, une position basse de la langue au repos perturbe son tonus et sa mobilité. Or, la langue a besoin d’être tonique et endurante pour enchaîner les nombreux mouvements d’articulation au cours de la parole. 

C’est également le cas d’un frein de langue restrictif, qui restreint la mobilité de la langue et peut gêner l’exécution des mouvements fins nécessaires à l’articulation de certains sons. 

Une succion tardive de la tétine ou du pouce

La succion tardive, intensive et fréquente d’une tétine (ou d’un pouce, d’un doigt, d’un doudou…) peut impacter l’articulation et créer des malformations au niveau du palais et au niveau dentaire.

Avec une tétine (ou pouce, …) en bouche durant la journée, l’enfant utilise moins ses jouets de dentition qui lui permettent d’avoir des mouvements linguaux beaucoup plus stimulants et il s’entraîne beaucoup moins à répéter, articuler, parler ! La langue a tendance à rester en position basse, même lorsque la tétine n’est plus en bouche. 

D’autre part, si son utilisation est prolongée, on peut voir apparaître ce qu’on appelle une “béance”, c’est à dire littéralement un “trou”, un espace entre les incisives supérieures dans lequel la langue aura tendance à venir se placer. Elle peut également gêner l’élargissement du palais, le développement des mâchoires et donc la bonne évolution des dents.  

Quel est le parcours de soin ?  

L’orthophoniste est le thérapeute qui rééduque le trouble des sons de la parole. Cependant, la rééducation d’un trouble articulatoire se situe très souvent à la fin du parcours thérapeutique d’une thérapie myofonctionnelle orofaciale plus globale.  

Face à un trouble articulatoire audible, le patient est amené à consulter un médecin qui lui prescrit un bilan orthophonique et des séances de rééducation si nécessaire.  

Lors du bilan, l’orthophoniste évaluera le niveau de parole et de langage du patient, et s’intéressera donc également aux différentes fonctions oro-faciales myo-fonctionnelles du patient (respiration, position linguale de repos, mastication, déglutition).  

A la suite de ce bilan, il établit un projet thérapeutique et réoriente le patient vers d’autres professionnels (médecin ORL, pneumologue/allergologue, ostéopathe, orthodontiste, kinésithérapeute…) si besoin, selon les problématiques mises en évidence par l’évaluation.  

Les premiers conseils à fournir à l’entourage d’un enfant présentant un TDSP sont de ne pas le faire répéter s’il ne parvient pas encore à bien positionner ses organes phonateurs : cela ne l’aidera pas et pourrait même le décourager.
A la place, il est intéressant de répéter soi-même le mot écorché afin de faire profiter l’enfant du modèle en entendant la bonne forme sonore et en voyant la position des organes bucco-phonateurs.